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Extrait 3. Le plus étrange des pactes
Le patriarche a choisi, pour son héritier, la fille de Gustave Strotmans, le plus respectable, le plus riche des bouchers de Bruxelles, par ailleurs fournisseur officiel de la Cour de Belgique.
 
L’union des deux familles est bonne pour les affaires.
 
Mais pour Jean, ce mariage arrangé est un drame qui lui porte le moral en détresse.
Sa fiancée, Liselotte Strotmans, lui paraît d’une repoussante laideur. À ses yeux, elle ressemble en tout point aux horribles cochons que son boucher de père fait abattre. Elle est grasse et sans grâce. Son nez n’est pas un nez mais un groin. Sa peau est rougeaude et lorsqu’elle rit, on dirait qu’elle couine.
Serait-elle encore gentille et d’un bel esprit ? Mais non, la promise est médisante et sotte à en pleurer.
 
– On ne te demande pas de l’aimer, déclare le vieux Janus, agacé par les doléances de son fils. Crois-tu que j’aimais ta mère, lorsque je l’ai épousée ?
 
Jean a peu connu cette belle jeune femme, au sourire un peu triste, dont il possède une seule et unique photo. La malheureuse est morte alors qu’il n’avait que deux ans.
Toute sa jeunesse, le garçon l’a vécue soumis à la seule autorité paternelle.
 
À deux jours de ses noces, le voilà, au crépuscule, debout, devant la tombe de sa mère, au cimetière de Laeken. Nerveux, il tient, dans la main droite, un revolver qu’il a subrepticement dérobé dans le tiroir du secrétaire de son père. Entre désespoir et peur, il cherche en lui un reste de force pour aller jusqu’au bout de sa fuite.
 
– Avez-vous si peu de foi en Dieu pour vouloir sacrifier la vie dont il vous a fait don ?
 
C’est une voix de femme qui vient de le surprendre. Troublé, Jean se tourne vers l’importune. Elle est jeune – pas plus de 25 ans – et plutôt jolie. Elle a de longs cheveux châtains foncés qui tranchent avec un teint trop pâle. Elle est vêtue d’une ample robe noire qui n’arrive pas à dissimuler son état. Aucun doute possible. Cette fille porte en elle une vie nouvelle. Est-ce l’insolence de ce bonheur qui l’autorise à le déranger dans son malheur ?
 
Jean choisit la provocation.
 
- Dieu a-t-il si peu foi en moi, pour me proposer une vie dont je suis à peine le maître ? À de multiples reprises, je l’ai prié de m’aider et je n’ai reçu pour réponse qu’un silence méprisant.
 
La jeune femme sourit. Comme elle est belle, pense Jean.
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